Les Souffrances du Prince Sternenhoch... et des autres
d'après le roman grotesque
de
Ladislav Klima
mis en résonance
avec des fragments d'écriture de
Friedrich Nietzsche, Antonin Artaud, Vaclav Nijinski et Franz Kafka.
Texte, conception scénographique et musicale, mise en scène : Olga Jirouskova
Construction d'objets, sculptures et marionnettes : Fred Nantel
Réalisation scénique par le Collectif des Rhizomiques et le Théâtre NA
Accompagnement, accueil amicaux et co-production : la Fonderie, Le
Mans.
Résidences de création : La Fonderie du Mans ; Le Théâtre de l'Enfumeraie, Allonnes ;
La Parole Errante Demain, Montreuil.
Création prévue en 2018/19
Note d'intention
«Au commencement était le non-sens, et le non-sens
était avec le verbe, et le verbe était le non-sens»
Le Monde comme conscience et comme rien,
Ladislav Klima
Ce projet, conçu et mené par son auteur et metteur en scène Olga Jirouskova, le Collectif des
Rhizomiques et le Théâtre Na, s'inspire de la philosophie et de l'écriture romanesque de Ladislav
Klima, philosophe tchèque du début du XXe siècle. Philosophe du vécu, solipsiste convaincu,
témoin à la fois d'une fin – de siècle et de cycle, celui d'un Empire mourant, et d'un début, celui de
la démocratie européenne naissante, il pousse la philosophie de Schopenhauer et de Nietzsche au-delà de ses plus extrêmes limites. L'écriture de ce spectacle, que lui-même qualifierait de
“grotesque“, une critique féroce de toute hypocrisie, s'aventure au-delà des convenances et
des possibles; C'est une mise à mort des valeurs établies, de la morale et du dogme consensuels.
Le Prince Sternenhoch évolue en équilibre précaire, dans un espace traité en profondeurs de champs
aussi bien au plateau que dans le texte et par le texte dans la pensée ; des figures, masquées ou pas,
personnages/animaux/végétaux étranges peuplent cet univers. Et avec le Prince Sternenhoch
(Prince du haut des étoiles), les deux personnages – son jardinier et alterego Willy, et sa femme, la
terrifiante et diaboliquement belle Helga/Dæmone –, ouvrent des brèches dans de multiples
mondes et réalités... Comme à travers des voiles, dans un rêve, le réel se transforme, se démultiplie
et tel un reflet sans consistance se dérobe. Mais les souffrances du Prince Sternenhoch ne se
résolvent pas par des ”chialeries”, l’impermanence du réel est un jeu permanent qui ne se réduit à
rien de moins qu’à sa propre liberté. Zigzaguant à travers les mondes gigognes pour éviter le face à
face avec le Néant, « la chute dans l'abîme » (et dans l'alcool), c'est en bouffon shakespearien qu'il se
rit de sa folie. Au bout du compte, notre Prince, fragile et démuni, nous tend le miroir reflétant nos
agitations grotesques et nous pose la question fondamentale : que reste-t-il de l’homme face au
monde sans valeur aucune, face à l’absence, qu'advient il de l’homme qui seul face à lui-même
tâtonne dans l’obscurité du “Nichts“ ? Un fou, un simple d’esprit rempli, malgré tout, d’un désir de
lumière et d’amour qui nous renvoie à nous-mêmes... ?
Le texte de ce projet n'est pas construit sur le mode d'un récit linéaire, dramatique ou psychologique, mais il avance,
fragmentaire et absurde, par bonds sans soucis de logique ou de liens apparents.
La matière textuelle n'est ici que l'une des composantes constituant l'ensemble de l'écriture du
plateau ; celle ci est basée d'avantage sur une poétique spatiale qu'on pourrait aussi appeler musicalité.
Une musicalité visuelle et auditive. Le texte fait partie d'un tout, d'une composition basée sur un
ensemble qui se déploie et se contracte dans l'espace et échappe par là même aux raisonnements.
Les connexions dans le jeu et dans la perception chez le spectateur, se font plutôt par la résonance,
les résonances qui s'établissent par connexions internes entre les éléments constitutifs de manière
spontanée, portés par la rythmique des déplacements, sons, paroles et lumières.
Dans le travail d'acteur, l'accent est mis sur la façon dont le corps s'inscrit dans l'espace ; quand on
dit le corps, on parle de la signification du corps en rapport à l'espace, sa respiration, mouvements et
voix... d'où la parole surgit... ou pas.
Olga Jirouskova, metteur en scène